Vous êtes enseignant, bibliothécaire, responsable d’un établissement culturel, d’une MJC, d’un centre de loisirs, directeur des affaires culturelles ou de la jeunesse… et vous avez décidé de proposer une activité scientifique à vos publics. Comment choisir celle qui répond le mieux à leurs attentes et à votre institution ? Conférence avec un scientifique, atelier animé, spectacle, présentation d’exposition, visite de sites… le choix est en effet large.
Ce guide est destiné à vous donner quelques conseils et à vous aider à identifier l’activité la plus appropriée.
Avant toute chose, choisissez l’activité la plus adaptée à vos objectifs : si vous souhaitez aborder un thème scientifique en rapport avec l’actualité, il vaut mieux faire venir un ou des scientifiques. Si vous préférez traiter d’un thème de fond, l’atelier animé, l’exposition sont souvent mieux adaptés.
De même, toutes les activités ne sont pas destinées à tous les publics : l’atelier, le club scientifique conviennent mieux aux jeunes qu’aux plus âgés ; à l’inverse, la conférence ou la visite d’entreprises ne sont pas toujours faciles à manier avec les plus jeunes.
Les questions que vous avez donc à vous poser avant toute investigation ultérieure sont :
Quels sont mes objectifs ?
Qu’attend mon public ?
Quels sont les thèmes correspondant à mes objectifs et à ses attentes ?
Quel type d’activités lui convient le mieux ?
Quels sont les moyens (financiers, temporels, techniques, humains) dont je dispose ?
Les opérations les plus réussies sont celles qui panachent plusieurs types de médias : une exposition assortie d’un atelier, d’un débat avec des scientifiques ou d’une documentation spécifique permettra à plusieurs types de publics de trouver leur bonheur. Autres moyens d’exploiter pleinement une opération : la déployer dans le temps en prévoyant une préparation, un temps fort (visite d’un musée, spectacle), puis une réutilisation a posteriori.
Travailler en partenariat permet de combiner les énergies, de croiser les regards, de diversifier les approches et donc de répondre plus largement aux attentes. L’association entre enseignants de matières ou niveaux différents, la coopération entre un établissement scolaire, un établissement culturel, une bibliothèque ou un Espace public numérique sont toujours fructueuses. Ces collaborations sont particulièrement importantes pour la communication car la réussite de votre opération, lorsqu’elle est destinée au grand public, dépend de sa promotion qui doit être la plus large possible.
C’est pourquoi, il ne faut pas hésiter pas à faire appel à toutes les ressources disponibles localement ainsi qu’aux structures impliquées dans la culture scientifique : associations, institutions de recherche. Et à recourir aux formations thématiques ou appliquées qu’elles proposent.
L’Institut de recherche pour le développement (IRD) en collaboration avec Planète Science propose des guides et carnets de route d’autoformations :
Guide pratique de la culture scientifique et technique
Guide pratique de l’animateur scientifique
Carnet de route de la culture scientifique et technique
Carnet de route de l’animateur scientifique
Carnet de route des clubs scientifiques
Faire venir un ou des scientifiques dans votre établissement, c’est offrir aux intervenants comme aux participants la possibilité de confronter leurs points de vue sur un thème donné et, à travers cette rencontre, mieux se connaître. En effet, l’activité des scientifiques est au coeur de la société qui doit leur renvoyer un regard, une opinion...
1) Le café des sciences met en présence plusieurs scientifiques et des citoyens. La présentation initiale du sujet, des controverses et des enjeux est réalisée par un animateur qui organise ensuite l’échange. Celui-ci est facilité par un mode de prise de parole informel et, autant que possible, une disposition conviviale de la salle. Sa durée est d’au moins 2h.
2) La conférence donne la parole à un scientifique qui présente un exposé de 20 à 45 mn, suivi d’une discussion d’une trentaine de minutes qui permet de questionner le scientifique, sur le fond comme sur les controverses.
3) Pour aborder un thème ayant des implications sociétales (clonage, OGM, déchets nucléaires…), le café des sciences est le plus adapté. La conférence scientifique, quant à elle, permet de traiter d’un sujet plus en profondeur.
4) Une préparation initiale rend la rencontre plus fructueuse. Le public, surtout dans le cas des élèves, participe plus volontiers s’il a réfléchi au préalable sur le thème retenu, éventuellement en préparant une liste de questions. Les intervenants s’adaptent mieux à leur auditoire s’ils connaissent sa classe d’âge, son niveau de connaissance ou ses attentes.
5) Le choix du thème est fondamental. Vous pouvez vous faire aider des intervenants pour le préciser. Mais les thèmes qui portent le mieux à discussion sont souvent ceux qui ont une dimension pluridisciplinaire, une implication sociétale ou un caractère d’actualité.
6) Pour les jeunes, prévoir d’aborder diverses facettes du métier de scientifique est généralement apprécié : les méthodes, la gestion du quotidien, les échanges internationaux, l’itinéraire personnel, le lien entre les outils théoriques et les applications peuvent faire l’objet de développements passionnants.
7) Les conférences ou cafés des sciences peuvent se déployer en cycles, qui permettent de faire le tour d’un domaine ou d’aborder un sujet sous différentes facettes ou, au contraire, de traiter de sujets complètement différents les uns des autres. L’avantage des cycles est de permettre une familiarisation des participants à la connaissance du thème comme au processus de la prise de parole et d’installer des rendez-vous réguliers.
Présenter un spectacle, un film
Manière artistique de parler de science, les spectacles scientifiques permettent aussi d’attirer des nouveaux publics vers la science. Qu’il s’agisse d’un film, d’un ballet, d’une lecture, de contes, d’un spectacle de marionnettes ou d’une pièce de théâtre, le spectacle scientifique repose toujours sur une écriture préalable, donc sur le travail d’un auteur.
1) Avant toute démarche, vérifiez d’abord vos possibilités d’accueil et les moyens financiers et techniques dont vous disposez. Attention ! dans le cas d’un spectacle vivant, vous devrez prendre en charge le coût de la représentation, le transport, l’hébergement, la restauration de la troupe et les différents droits.
2) Pour choisir un spectacle ou un film, l’idéal est d’aller le voir au préalable, éventuellement à plusieurs pour en discuter et échanger et/ou de vous faire aider par des spécialistes comme le responsable de programmation de l’établissement culturel de votre secteur.
3) Dans le cas des contes et des lectures, vous pouvez passer une commande : c’est-à-dire choisir le texte ou le sujet traité, en accord avec le lecteur ou le conteur. Il est là aussi souhaitable de voir ce dernier à l’œuvre au préalable, même s’il intervient sur un autre thème. Et de s’assurer qu’il saura aborder un texte scientifique.
4) Une fois le spectacle sélectionné, vous devez vous procurer la fiche technique. Si le lieu dont vous disposez n’est pas adapté aux contraintes techniques (dimension de la scène, durée du spectacle, conditions d’éclairage ou de sonorisation), révisez votre choix. Le responsable technique du spectacle peut bien sûr vous aider dans cette démarche.
5) Si votre espace n’est pas spécialement destiné à accueillir des spectacles ou des projections, vous devrez vous procurer le matériel nécessaire à son « implantation » : scène, matériel d’éclairage et de sonorisation, sièges, matériel de projection, possibilité de faire le noir… Vous pouvez aussi vous associer à une salle de spectacle ou un cinéma de votre secteur.
6) Outre la durée de présentation stricto sensu, prévoyez un délai pour le montage puis le démontage dans une salle vide de tous publics et un délai de répétition : les artistes doivent avoir la possibilité de s’adapter à un lieu nouveau.
7) Pensez à établir un contrat de cession qui fixe toutes conditions financières. Et à faire une déclaration à la SACD pour les droits d’auteurs et à la SACEM pour les droits musicaux. Ces dépenses sont à la charge de l’organisateur, donc vous ! Pour un film, prévoyez de négocier avec la société de production (qui sera certainement sensible à votre objectif pédagogique).
8) L’accueil d’un spectacle ou d’un film est un évènement, sa communication doit être réfléchie : les troupes ou les sociétés de production mettent généralement à votre disposition les éléments permettant de réaliser une affiche et des documents pour la presse.
Emprunter une exposition ou une malle
De nombreux organismes produisent des outils itinérants : expositions, malles pédagogiques ou documentaires ou métissage de ces trois formules. Spécialement conçus pour le public, ils permettent d’aborder un thème scientifique.
1) Il existe deux types d’expositions : les expositions-panneaux, constituées de posters à suspendre, parfois complétées d’une cassette vidéo ou d’un jeu informatique, et les expositions « lourdes », combinant panneaux, vitrines, objets, vidéos, jeux informatiques, etc…
2) Avant de vous lancer dans l’emprunt d’une exposition, vérifiez que vous disposez de l’espace suffisant pour la présenter et des infrastructures adaptées : superficie, hauteur sous plafond, mètres linéaires, structures portantes permettant de suspendre les panneaux, vitrines, éclairage, branchements et puissances électriques et/ou une connexion multimédia.
3) Prêt ou location ? Dans les deux cas, un contrat stipulera les modalités : financières, techniques, logistiques, communication et assurance. Parfois, il est précisé que l’exposition ne doit pas être laissée sans surveillance ou sans animation : vous avez alors à assurer un gardiennage ou à rétribuer un animateur. Quant au transport et à l’installation, ceux-ci peuvent être pris en charge par le prêteur ou par vous-même. Pensez aussi que vous aurez à prendre en charge le stockage des emballages pendant la période d’emprunt.
4) Une exposition ou une malle pédagogique sont forcément signées : faîtes-vous préciser qui en est l’auteur (scientifiques, institutions.. ayant participé à son élaboration), les co-producteurs éventuels (ceux qui ont participé à son financement). Il est important de connaître l’émetteur du discours, l’année de création et la date de dernière mise à jour.
5) Les malles, pédagogiques ou documentaires, sont généralement des objets de dimension réduite, dont le transport peut être assuré par vous-même. Ces outils, supports d’animation, ne peuvent être laissés sans surveillance.
6) Vérifiez que la malle pédagogique que vous souhaitez emprunter est accompagnée d’un livret de l’utilisateur qui vous expliquera comment la valoriser au mieux. Parfois, l’emprunt d’un tel outil s’accompagne d’une formation au cours de laquelle on vous présentera son contenu, expliquera son utilisation et suggérera des animations.
7) Une malle documentaire permet de disposer, pour une période précise, d’un ensemble de supports documentaires : ouvrages, cdrom audiovisuels, traitant d’un thème donné, adapté à un public spécifique et régulièrement actualisé.
8) Dans le cas d’une exposition « lourde », une visite préalable s’impose. Le coût de la location justifie cet effort. Il vous faudra aussi être vigilant sur la communication : droits d’utilisation, mentions obligatoires, logos…
Organiser une séance d’ateliers
Pour quelques heures ou pour l’année, vous pouvez faire venir dans votre établissement un animateur scientifique qui développera un atelier. Ces ateliers ont toujours une forte dimension interactive : les participants doivent se livrer à de l’expérimentation, un des piliers de la démarche scientifique.
1) L’atelier se différencie du cours par le fait que le participant construit des savoirs par l’expérience et doit souvent élaborer lui-même les raisonnements. L’animateur n’a pas pour objectif de dispenser des connaissances mais d’aider les participants à développer une méthode (observation, hypothèse…) les amenant à en déduire d’éventuelles connaissances.
2) N’oubliez pas de bien préciser l’âge des participants pour que l’animateur adapte le scénario au public, en fonction des connaissances ou compétences déjà acquises. En cas de groupe hétérogène, l’animateur pourra vous proposer de diviser le groupe en deux pour proposer un scénario adapté à chaque niveau.
3) De même, n’oubliez pas de préciser avec l’animateur si son intervention s’inscrit dans un projet global. La séance sera plus fructueuse s’il connaît le travail de préparation effectué au préalable, ou la façon dont vous comptez la réexploiter.
4) L’animateur, spécialisé dans la culture scientifique, aura probablement besoin de votre participation pour le bon développement de l’animation mais c’est lui qui détient le scénario complet de la séance. Il s’appuie sur des outils pédagogiques qu’il apporte avec lui. Précisez avec lui le type de matériel que vous devez éventuellement prévoir.
5) Afin de distinguer leur apport de celui d’un enseignement, les animateurs préconisent parfois de restructurer l’espace, par exemple en disposant les tables en carré ou en blocs permettant de diviser le groupe en petits groupes travaillant collectivement. Par ailleurs, l’animateur peut avoir besoin d’un point d’eau, d’un branchement électrique…
6) Les animations sont généralement des opérations de courte durée (quelques heures) qui portent sur un thème précis. Mais il est parfois possible de proposer un club scientifique qui se développera sur plusieurs semaines, voire sur l’année. (voir « Un projet »)
7) En général, un club scientifique permet de développer un véritable projet scientifique et de produire un objet, une expérimentation qui peut faire l’objet d’une présentation publique, notamment dans le cadre des exposciences.
Monter un projet, un club
Créer une manipulation, réaliser une expérience scientifique, produire une mini exposition… requièrent plusieurs séances, parfois réparties sur une année entière. Le club ou le projet scientifiques permettent de réaliser, avec l’aide d’un animateur, un projet qui sera l’occasion pour les participants de s’organiser et de s’approprier des méthodes de travail.
1) Un projet est centré autour d’une activité expérimentale ou d’une production. Il permet d’associer plusieurs activités comme la visite d’un lieu, la fabrication d’une manipulation, la réalisation d’une expérience avec l’accompagnement d’un animateur, la rencontre de scientifiques, l’exploitation de ressources documentaires… Il s’appuie donc sur des compétences multiples.
2) Le montage d’un projet entraîne les participants dans des étapes successives : la définition préalable d’objectifs, la conceptualisation, les différentes phases de réalisation du projet, sa restitution à un public élargi et l’auto-évaluation. Vivre l’ensemble de cette démarche est aussi profitable que le résultat du projet.
3) Il est possible de monter son projet soi-même : pour cela, il faut partir des centres d’intérêt des participants puis mobiliser successivement différents appuis. Il est également possible de s’inscrire dans des projets « pré-conçus » proposés par des structures spécialisées (associations, institutions)…
4) Certaines structures proposent des clubs scientifiques thématisés : astronomie, biologie, robotique, environnement, espace, ou encore sur des thèmes « sciences et société ». C’est la garantie d’avoir affaire à des interlocuteurs connaissant parfaitement leur domaine et donc à même de vous offrir un travail d’une grande rigueur.
5) D’autres structures proposent des clubs scientifiques généralistes, qui permettent de travailler autour de thèmes variés. Dans ce cas, la structure renouvelle régulièrement ses ressources thématiques afin de garantir rigueur et actualité des informations.
6) Ces structures mettront à votre disposition un programme d’activités adapté à vos attentes, ainsi que du matériel, du savoir-faire et un ou des animateurs, parfois même la possibilité de former vos propres animateurs. Vous devez de votre côté fournir un espace, la communication du projet et surtout… les participants prêts à s’engager sur la durée.
7) Comme il existe des classes de neige ou de mer, il existe des séjours scientifiques qui concentrent sur quelques jours activités scientifiques, culturelles, sportives et distractives dans un lieu offrant des possibilités d’hébergement.
8) La participation à un projet est parfois plus coûteuse. Mais l’accès aux aides financières est généralement facilité (voir « Des dispositifs pour vous aider »). Par ailleurs, il est parfois demandé aux participants d’apporter une aide sous la forme d’une inscription.
Trouver un dispositif d’aide
Il existe de nombreux dispositifs mis en place par les collectivités territoriales ou des institutions comme l’Education Nationale pour vous aider à monter une opération. Leur objectif : fournir une aide technique (communication, assistance méthodologique, contacts) ou un soutien financier.
1) Avant toute chose, vérifiez que votre projet est éligible. Certains dispositifs sont destinés à tous les publics et ouverts à tous les acteurs. Mais d’autres sont réservés au monde scolaire et doivent être mis en œuvre pour les uns pendant les cours, pour d’autres hors emploi du temps de la classe (actions éducatives à caractère culturel inscrites au projet de l’établissement et respectant un cahier des charges précis : visites, sorties, voyages).
2) La plupart des dispositifs repose sur un appel à projets qui s’accompagne toujours d’un certain nombre de règles obligatoirement précisées : structures autorisées à répondre, pièces à fournir, critères qualitatifs de sélection, éléments (comptables, en particulier) à remettre à l’issue du projet.
3) Les appels à projets ont pour dénominateur commun de s’inscrire dans un calendrier avec quelques dates clés, auxquelles il est impossible de déroger : lancement de l’appel à projets, date limite d’envoi du dossier, date de la réponse de l’organisateur, terme du projet. Il faut donc surveiller ces échéances et les respecter.
4) Une des pièces majeures de la réponse est le dossier dans lequel vous devez généralement préciser l’objectif de l’opération concernée, les publics visés, la méthodologie adoptée, les partenaires du projet, le contenu de l’opération, les moyens mis en œuvre, le budget prévisionnel.
5) Les aspects budgétaires sont importants. L’appel à projet précise toujours le type de dépenses prises en compte et le montant maximal de la subvention attribuée. Ce montant maximal peut être exprimé en valeur absolue (somme maximale) comme en valeur relative (pourcentage maximal du budget pris en charge).
6) L’appel à projet précise toujours les critères sur lesquels le jury s’appuiera pour sélectionner les dossiers. Ces critères correspondent aux axes que l’initiateur de l’appel à projets considère comme importants. Aussi, avant d’envoyer votre dossier, vérifiez bien que votre réponse répond d’une manière explicite à ces critères et qu’elle va à la rencontre des attentes de l’organisateur.
7) Certains dispositifs proposent une aide en communication (fourniture de banderoles ou d’affiches, inscription sur des programmes ou des sites internet faisant l’objet d’une communication globale) ou une assistance technique (aide à l’identification d’outils, de partenaires, aide méthodologique, formations).